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L’extrême droite, mode d’emploi sélectif

Un article du Guardian, repris et traduit avec gravité, s’alarme : « l’extrême droite s’infiltre dans la culture quotidienne ». Le danger serait partout : dans les mèmes, la musique pop, les influenceurs fitness, les tradwives, les esthétiques ambiguës. On peut désormais « être radicalisé depuis son canapé ». Effrayant, en effet.

Ce qui frappe pourtant, ce n’est pas ce que l’article montre, mais ce qu’il ne voit pas. L’« extrême droite » qu’il traque est floue, atmosphérique, parfois involontaire. Une ambiance, un style, une nostalgie suffisent à déclencher l’alerte. À l’inverse, une extrême droite armée, revendiquée, structurée, intégrée à l’effort de guerre d’un allié occidental, disparaît soudain du champ de vision. Là, les symboles deviennent des détails. Les filiations idéologiques, des controverses. La réalité, un angle mort.

On peut donc être d’extrême droite sans le savoir, en cuisinant végan sous cagoule ou en vantant la féminité traditionnelle sur Instagram. Mais on peut aussi l’être sans problème, pourvu que ce soit au bon endroit du récit.

Ce texte ne définit pas l’extrême droite : il la distribue. Dangereuse quand elle trouble l’ordre culturel interne, tolérable quand elle sert un objectif géopolitique externe. Morale à géométrie variable, vigilance à sens unique.

Ce n’est pas une enquête. C’est une police narrative.

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